SCIENCES ET PEINTURE

Eugène Chevreul est né à Angers le 31 août 1786. Chimiste français, il est connu pour ses travaux sur les acides gras, la saponification et la découverte de la créatine. Il reçut par ailleurs la médaille Copley en 1857.

Il commence très tôt sa vocation. Tout d'abord en tant qu'assistant de Louis vauquelin, puis il nommé directeur de la manufacture des Gobelins. Il mènera des recherches sur les contrastes des couleurs et publiera De la loi du contraste simultanés des couleurs et de l'assortiment des objets colorés dont les théories influenceront les artistes peintres comme les néo-impressionnistes.

En 1830, il devient professeur de chimie organique au Muséum national d'histoire naturelle. Son centenaire est célébré dans toute la France en 1886. C'est alors qu'il débutera l'étude des effets de la vieillesse sur le corps humain. Malheureusement, il mourra deux ans plus tard, à l'âge de 102 ans, le 9 avril 1889.

Tout au long de sa vie, ce scientifique effectuera des recherches variées, dont les matières grasses animales, et la couleur (ce qui nous intéresse le plus ici).

Sa loi la plus connue est celle sur le contraste simultané des couleurs. À l'aide de plainte de teinturier, il constate que certaines teintures ne sont pas de la bonne couleur ; elles ne sont pas chimiquement stables. Il découvre que ce problème n'est pas de nature physique ou chimique mais physiologique. C'est la vision des couleurs quand des surfaces distinctes colorées différemment se trouvent à proximité qui en est la cause. Dans son mémoire, développé en 750 pages en 1839 : De la loi du contraste simultané des couleurs, il montre qu'une couleur donne à une couleur avoisinante une nuance complémentaire dans le ton : les complémentaires s'éclairent mutuellement et les couleurs non complémentaires paraissent « salies », comme lorsqu'un jaune placé près d'un vert prend une nuance violette. Cette loi donna les écoles artistiques comme l'impressionnisme, le néo-impressionnisme de Georges Seurat et le cubisme orphique, ou plus directement les simultanéismes.

A base de ses recherches, Chevreul va classer les couleurs selon un cercle chromatique, élaborant à un écart de couleur régulier, la notion de clarté, et une de la saturation des couleurs.

Chevreul se place à contre-courant du mouvement qui dominera la fin de son siècle : le positivisme. Il défend la méthode expérimentale a posteriori (c'est-à-dire réaliser les expériences et ensuite avancer des conclusions) autour de laquelle il écrira quatre livres :

-les Lettres à Villemain sur la définition du mot « fait » en 1856,

-De l'abstraction en 1864,
-De la méthode a posteriori expérimentale en 1870
-D'une erreur très fréquente en 1871.

Il sera bien évidemment récompensé pour tout son travail scientifique. Il fut décoré Légion d'honneur, fut promu commandeur en 1844, grand officier en 1865, et grand-croix en 1875. De plus il reçut la médaille Copley (Royaume-Uni) en 1857.


Ogden Nicholas Rood est né le 3 février 1831 à Danbury. Il a étudié la physique à Berlin et à Munich avant de commencer à peindre. Il s'intéresse donc aux couleurs à la fois d'un point de vue technico-scientifique et dans une perspective artistique; ces deux aspects se retrouvent dans ses tentatives pour ordonner systématiquement les couleurs. Les travaux de ce physicien américain sur les contrastes des couleurs, sont une synthèse des théories d'Hermann Von Helmholtz, de Maxwell et de Chevreul qui ont produit une très forte influence sur Dubois-Pillet, Seurat, Pissarro et Signac qui ont appliqué à la peinture les lois optiques.

En effet, les diagrammes mathématiques de Roods promettaient la précision dans le traitement des couleurs que Georges Seurat et les néo-impressionnistes recherchaient après 1880, c'est pourquoi ils se sont inspirés de l'œuvre de Rood. On sait que Seurat possédait une édition de la roue chromatique asymétrique et qu'il a orienté ses recherches en fonction de ces indications. Le livre de Rood sur la théorie des couleurs, Modern Chromatics, où il démontre que la couleur est composée de trois paramètres : la pureté, la luminosité et la couleur, a été publié en 1879. Il sera traduit en allemand et en français respectivement en 1880 et 1881. C'est lui qui mit au point le cercle de couleurs complémentaires contrastées précises. Ce physicien américain eut donc une grande influence sur les peintres néo-impressionnistes.

Il est mort à New-York le 12 novembre 1902 à l'âge de 71 ans.


-La Synthèse additive peut être réalisée en mettant côte à côte des petites taches colorées de couleur pure et en les observant à distance suffisante pour que l'œil ne puisse pas les séparer et pour que, de lui-même, il les mélange. Ces contrastes par juxtaposition ont beaucoup été exploités par les peintres pointillistes, les Impressionnistes et bien des peintres contemporains dont les tableaux sont composés de minuscules points colorés de gouache. 3 couleurs suffisent donc pour obtenir du blanc mais aussi n'importe quelle nuance d'une couleur donnée. C'est la trichromie.

Le rouge, le bleu et le vert sont les 3 couleurs primaires en synthèse additive. Le jaune, le magenta et le cyan sont des couleurs secondaires. Le bleu et le rouge donnent donc le magenta, le vert et le bleu donnent le cyan et le vert et rouge donnent le jaune. Le cyan absorbe le rouge, le jaune absorbe le bleu, le magenta absorbe le vert.

On appelle couleur complémentaire d'une couleur secondaire, celle qu'il faut lui ajouter pour obtenir du blanc. Chevreul crée un cercle chromatique pour appuyer sa théorie. On y voit que les couleurs opposées sont complémentaires entre elles, car elles ne peuvent pas s'influencer si elles sont placées l'une à côté de l'autre. Pour le jaune, la couleur complémentaire est le bleu. Pour le magenta c'est le vert et pour le cyan c'est le rouge. Ainsi, pour créer du vert, l'artiste dépose un point de jaune tout près d'un point de bleu. Et Lorsque l'on regarde un tableau pointilliste à une certaine distance, on ne distingue pas les points de couleurs les uns des autres, et ils se fondent entre eux. Le principe est donc d'obliger l'œil et le cerveau du spectateur à faire le mélange de couleurs eux-mêmes : c'est le « mélange optique »


-La Synthèse soustractive correspond à un mélange des gouaches, par exemple, ou lorsqu'on fait passer la lumière à travers plusieurs filtres successifs.

La lumière, la couleur, la vision s'unissent dans un savant mélange.

L'œil est composé de cellules photo réceptrices : les cônes et les bâtonnets. Ce sont les cônes qui permettent de distinguer les couleurs. Il existe trois types de cônes sensibles à des longueurs d'ondes différentes, correspondant au rouge, au vert et au bleu (les trois couleurs primaires).

Avec l'effet de la lentille sur le trajet des rayons lumineux : des rayons incidents parallèles à l'axe optique (axe de symétrie de la lentille) de la lentille convergente émergent en convergeant vers un point particulier appelé foyer principal image (F'), tandis qu'ils divergent dans le cas d'une lentille divergente. Si on regarde un texte à travers une lentille convergente, il s'agrandit (zoom), tandis qu'il diminue de taille avec une lentille divergente.


Dans un ouvrage écrit par Charles Henry il avance que : les couleurs peuvent être réunies sur un cercle en fonction de leur proximité les unes avec les autres. Cette figure est très pratique pour trouver celles qui s'accordent harmonieusement entre elles. En prenant des teintes opposées sur le cercle, on peut ainsi utiliser des couleurs complémentaires.

Pour Georges Seurat et Paul Signac, le rapprochement des complémentaires n'est qu'un des moyens d'obtenir des combinaisons de couleurs harmonieuses dans un tableau ; un autre est d'utiliser différentes intensités d'une même teinte.

En outre, le scientifique Ogden N. Rood a observé qu'un pourpre obtenu en juxtaposant ses pigments constitutifs était beaucoup plus clair que celui réalisé en mêlant les pigments. Tout mélange concret assombrit la palette du peintre, tandis que l'on conserve leur luminosité en recréant les teintes par mélange optique dans la rétine de l'observateur.

En rapprochant plusieurs couleurs pures, on obtient des contrastes forts qui augmentent l'intensité de chacune des teintes. « Le ton de deux plages de couleur paraît plus différent lorsqu'on les observe juxtaposées que lorsqu'on les observe séparément, sur un fond neutre commun. » Chevreul

Au contact d'une plage de couleur d'une teinte différente, mais de luminosité aussi égale que possible, une couleur change de teinte pour s'éloigner de celle qui lui est juxtaposée. Plus le contraste de luminosité est faible, plus l'effet est important. Le rôle du mouvement des yeux est important, il provoque un contraste successif des couleurs qui rafraîchit le contraste simultané. Et quand les deux contrastes se combinent, l'effet est maximal.

« Deux objets différents, placés l'un à côté de l'autre, paraissent par la comparaison, plus différents qu'ils ne le sont réellement » (Chevreul)

Pour les artistes, la couleur propre d'un objet correspond à son ton local. Selon Chevreul, ce dernier n'existe pas mais il dépend de la couleur des objets environnants. Ainsi toute couleur perçue appelle sa complémentaire pour exister. De plus, il indique que cette théorie du contraste simultané n'est valable que lorsque la superficie est suffisante. Les néo-impressionnistes vont baser leur œuvres sur la constatation que quand les plages de couleur sont petites, l'œil rapproche les couleurs l'une de l'autre, dans un phénomène d'assimilation.

 Tous droits réservés
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer